De Carthagène à Rive-de-Gier...
Les migrants Espagnols, jusqu'au début du XXè siècle, se déplacent souvent avec leur famille tout entière.
Il s'agit majoritairement de travailleurs de force ou de main d'oeuvre non qualifiée.
« Ce n'est pas l'excès de vitalité d'un peuple exubérant qui pousse les Espagnols à quitter leur pays mais la misère et la faim. »
c.f. Girard Albert. L'émigration espagnole. In: Annales de Géographie. 1912, t. 21, n°120. pp. 418-425.
Comment ? ce n'est donc pas le flamenco qui coule dans leurs veines qui leur a donné la bougeotte ?
Mon grand-père paternel, Diégo, est arrivé en France en 1910, à l'âge de 18 ans.
Il était accompagné de son père, Antonio, âgé de 52 ans, sa mère, Thérèsa, âgée de 42ans et ses frères et soeurs, sauf l'aînée Rosa, restée en espagne parce qu'elle était mariée et qu'il n'a jamais revue.
Leur périple les a conduits de Carthagène à Rive-de-gier, en passant par Montbrison, Andrézieux...
Il avait un métier, ébéniste, qu'il n'a à ma connaissance jamais exercé en France.
Son père était "fogonero" en espagne, ce qui correspond, d'après mes recherches, à chauffeur, d'une machine à vapeur par exemple.
Ses frères et lui-même ont été employés comme manoeuvres à la verrerie de Rive de Gier.
Il s'est marié une première fois en 1916 à Marie Joséphine Chaize dite "Pépita", espagnole également.
Ils ont eu une petite fille, Thérèse en 1918. La même année hélas, Marie Joséphine mourait de la grippe espagnole (épidémie terrible qui fit entre 30 et 100 millions de morts dont 408000 en France).
Il se remaria en 1922 avec Clémentine Chalencon, ma grand-mère avec qui il eut 3 enfants dont mon père, Antoine.
Ma grand-mère devint aussitôt espagnole par mariage, L'article 18 du code Napoléon stipulant qu' « une femme française épousant un étranger perd la qualité de Française et prend la nationalité de l'époux ». Cette disposition prit fin en 1927. En attendant, elle dut faire une demande de carte nationalité française et devait se déplacer avec un document tenant lieu de permis de séjour, elle qui était née au fin fond de l'ardèche !
Mon grand-père a obtenu sa naturalisation par décret du 22 octobre 1929 publié au Journal Officiel du 2-3 novembre 1929 et par la même occasion, Clémentine redevint française, par décret également publié dans la même édition du journal officiel
Carte d'identité et de circulation de mon grand-père
Demande de carte d'identité de ma grand-mère devenue espagnole par mariage